• La résilience du peuple Khmer

     

    Il n’est pas si lointain le temps où dominaient

    Les Khmers sur l’Indochine dans ses contours d’hier,

    Trop de temples édifiés puis trop d'années de guerre,

    D'ennemis parmi les leurs autant qu’à l’extérieur

    Epuisèrent l’empire, atrophièrent terres et mers.

     
     

     

    Leurs plus beaux vestiges forcent l'admiration

    Angkor, écho à Notre-Dame: deux paris, une époque,

    Deux cultures, mais une même ambition:

    Le calme et la prière, l'intemporalité.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


     
    Loin de ces belles idées, ils s'usent, elles cousent, ils pêchent
     
    Pas de perspective autre que demain, ce mois-ci tout au plus
     
    Car il faudra survivre, dollar après dollar, filet après filet
     
    Dans le bruit, dans la vase, les nuages de poussière ;
     
    Non pas ceux que traversent d’impeccables écolières,
     
    Non, ceux qui plissent les yeux, salissent et envahissent
     
    Les cabanes qui abritent en une pièce une famille.
     
    Derrière: la basse-cour, devant les étagères et de maigres recettes,
     
    Une fillette qui sépare les filets d’une lame, aussi longue que sa  tête.
     
     
     
       

     

    Plus d’école, trop chère ou trop loin, passé le primaire


    Ou pas assez d’argent pour acheter une bonne note,


    Un bulletin, un diplôme, un peu moins de misère.


    Ainsi, les jeunes mères travaillent au marché


    Où s’endorment devant elles leurs tout premiers enfants.


    Leurs yeux vous percent d’un alliage troublant:


    Fatigue, ténacité, complicité soudaine, puis pudeur de rigueur


                               Face à l’obturateur parfois inquisiteur.      


    Le tourisme naissant est sans doute salutaire,


    Sauf celui qui les jette en pâture aux intrus 


    Pour un abus de plus, et pas seulement de bière.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


     
     
    Sans médecine souvent, sans lettres, sans droits parfois,
     
    Ils n’ont de luxe qu’eux-mêmes: leur force et leur foi, 
     
    Une détermination à prendre leur part, infime,
     
    D’une croissance que les chiffres voudraient insolente
     
    Mais distribuée au mieux à seulement deux vitesses :
     
    Cinquième et marche arrière, trop rapide ou trop lente.


     
     De la résilinence du peuple Khmer 
     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     De la résilinence du peuple Khmer

     

     

    Les écarts de richesse se creusent tel un canyon
     
    Dans le brouillard épais des relations obscures:
     
    Parfum de corruption, rues débordant d’ordures
     
    Dans le sillage des phares de rutilantes voitures
     
    Frôlant là un piéton, ici une famille, entassée
      
     Jusqu’à huit dans un tuk-tuk pressé.

     De la résilinence du peuple Khmer 

      

     

    La frénésie s’invite à la table des nantis,

    Au rythme des mêmes marques, du même bruit qu’ailleurs

    Quand neuf dixièmes espèrent des lendemains meilleurs

    Ou l’espèrent-ils encore, après tant de souffrance, de plaies encore béantes

    Des Khmers Rouges du sang qui fut celui d’un père, d’un collègue, d’une amie,

    Quand la torture leur arrachait leurs derniers cris?

     


       


     

     
    Un Cambodge qui avance avec tous ses pansements
     
    Qui cherche encore sa voix entre Parti et Roi,

    A moins que les premiers ne l'instrumentalisent.
     
    On le quitte trop tôt mais avec l’espoir
     
    D’un futur qui lisserait les à-coups qui l’épuisent
     
    Et ferait triompher les libertés promises.

     

    The Khmer empire used to cover vast portions of Thailand, Viet Nam, Laos, Burma, besides Cambodia. Dozens of temples followed, absorbing human and natural resources, signaling a peak ahead of a decline. Wars followed, too many. Enemies, large and small, traumas inflicted from within, eliminating their own elite, continued to weaken the country, leaving open wounds in its society, some only too real that the Red Khmer inflicted on millions, entire families, sometimes torturing at the very heart of Phnom Penh. 

    In sharp contrast with the urban Cambodia we see today, over 80% continue to live in extreme poverty, dollar after dollar, day by day, exposed to monsoon, sky rocketing medical costs, little education after ten years old, when corruption costs more to buy a good grade than the money kids bring back working in the farm, fishing at the lake, sleeping at the market where their young mother strives to survive as well. GDP growth suggests a different story, but hides a two-speed economy:  fifth gear for the haves, reverse for have-nots. We leave Cambodia with a hope that progress will spread, yet bitterly wonder if it ever truly will.

     Francois


  • Commentaires

    1
    vero B
    Jeudi 5 Mars 2015 à 18:00

    Quelle belle plume qui va si bien avec ces photos émouvantes (d'autant + émouvantes que j'ai eu l'explication de texte en skype live, ça m'a fait hyper plaisir) gros baisers

    2
    Jeudi 5 Mars 2015 à 18:08

    Merci Véro, nous aussi !!! Et merci pour ton commentaire wink2. Bises

     

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    3
    Nico
    Jeudi 5 Mars 2015 à 18:41

    wow, wow, wow, exceptionnel! Touchant, emouvant et a pleurer, commes ces photos du centre de detention S21 a Phnom Penh. Definitivement a publier!

    4
    Julie
    Jeudi 5 Mars 2015 à 18:56

    Les photos sont magnifiques et emouvantes, autant que la plume qui relate bien l'ambiguite d'un monde qui veut esperer et grandir mais qui peine a oublier les demons du passé!


    Merci a vous et Bonne route

    5
    Famille Verspieren
    Jeudi 5 Mars 2015 à 21:49

    Coucou Fabienne,

    je découvre avec beaucoup d'émotion votre blog et comprend que vous êtes partis faire un petit tour du monde ! C'est génial !

    et ensuite que faîtes vous ? Vous rentrez en France ????

    A Garches tout va très bien : les filles grandissent ! Nous avons quitté l'an dernier notre maison pendant 6 mois pour faire de gros travaux. Réinstallez depuis septembre, nous sommes heureux et tout le monde se porte bien.

    Si tu as le temps et une connexion tu peux regarder notre blog qui est toujours en ligne : 4 petites filles aux pays des éléphants ! Nous sommes partis il y a 3 ans 8 semaines en Asie du sud est avec les filles, un voyage inoubliable ! L'envie de recommencer n'est pas loin chez nous ! C'est extra ce que vous vivez.

    Adélaïde a bien grandi, elle est toute belle.

    je t.embrasse à très vite

    florence

    6
    Catherine B
    Jeudi 5 Mars 2015 à 22:21

    Au risque de me répéter, vous le faites rêver chaque semaine.  Et puis, il y a les bonus.  Comme aujourd'hui.  Entre nostalgie, histoire et poésie, les photos accompagnent le texte (ou est-ce l'inverse?). Votre complicité est émouvante, tangible, palpable.  Merci...Bruxelles, et moi surtout, sommes heureux à l'idée de vous rencontrer mieux encore dans quelques mois...

    7
    ninie el naggar
    Vendredi 6 Mars 2015 à 01:11

    Chère Fabienne and Co,

    C est si bien raconte :) Nous y étions il y a 11 ans et ce qui est magique le reste apparemment :) Ce qui est plus triste c est que toutes les difficultés et horreurs rencontrées par les cambodgiens ne semblent pas s être améliorées avec le temps !

    Bises

    8
    nat
    Vendredi 6 Mars 2015 à 14:27

    Que dire de plus quand c'est dit avec tant d'émotion et de sincérité. Pays fascinant, d'où l'on ne revient pas tout à fait pareil...

    Ta poésie, François, la sensibilité de ton regard, Fabienne, expriment une grande émotion. Un témoignage beau et efficace. 

    De belles perspectives artistiques pour vous.

    Tendresse

    9
    Vendredi 6 Mars 2015 à 17:18

    Chers tous,

    Merci pour vos lignes. Nous adorons partager toutes nos émotions avec vous. On aura tant de chose à vous raconter encore...

    On vous embrasse depuis une petite ile du Vietnam....où il n'y a rien d'autre à faire que se baigner et lire....vaste programme !!

    10
    Aude G.
    Lundi 9 Mars 2015 à 06:15

    Quelles photos magnifiques et belles lettres!  Merci encore de partager ce voyage incroyable.

    bises a tous!

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