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Sagesse Patagonienne
SAGESSE PATAGONIENNE
Une vérité s’impose depuis notre départ,
Un mois pour que le voyage nous éclaire (il n’est jamais trop tard).
Dans cette ruelle abimée ou ce visage creusé,
Dans les fissures d’un côtre qu’on croit abandonné,
Dans les tôles ondulées d’une cabane de pêche
Ou la rouille qui dévore la barrière d’un chemin,
Partout la marque du temps donne son supplément d’âme
Aux choses comme aux gens, au rythme du présent.
Pas d’accélération inutile en ces terres,
Pas cette prétention que nous avons parfois dans les villes du nord
A croire que l’on façonne le monde,
Souvent à raison, mais plus encore à tort
Lorsque nous ignorons ce qui nous est offert
Déjà, là, sous nos yeux par ciel, terre et mer.
Quand prend-t-on les minutes, sans même parler d’une heure, pour mieux les respirer ?
Quand leur fait-on insulte à trop les négliger?
Il me revient en boucle l’interview d’une indienne,
Native américaine comme elle aime se décrire:
«Quand je reviens chez moi, j’aime marcher les pieds nus
Pour ressentir le sol, qu’il puisse me nourrir (…)
La Terre nettoie mes peurs, m’enracine plus bas».
Même sagesse plein sud, jusqu’en Patagonie
Où tous les éléments nous montrent une meilleure voie
Entre êtres de lumière et petits grains de poussière,
Entre lacs turquoise et falaises de pierre.
Je prends conscience du présent qu’ils nous offrent,
Aux deux sens du terme:
Ecouter le pouls des régions traversées
Et prendre ainsi le temps de s’y abandonner,
Mais aussi faire moins, voir moins, et mieux peut être ainsi,
S’en remettre à l’horloge d’hier Magellan,
A sa ténacité autant qu’à sa constance
A opposer à notre moderne impatience,
Trouver chez un « gaucho » un peu de complicité avec l’horizon
Voir dans un « ciaotito » un sourire aussi charmant que fort est le regard
S’émerveiller, tels les condors contemplant la vallée et planant comme on danse
Rendre grâce à ces montagnes de neige et de glace,
Y puiser un peu d’éternel pour, paradoxalement,
Avoir toujours plus envie de ce que l’on a,
Et savourer chaque moment.
An alternate truth imposes itself gradually on us through the marks of time we come across, in people’s expressions, architecture or nature’s constructions. We re-learn to live the present, in every sense of the word, shying away from artificial acceleration. Indian wisdom prevails, North to South of Chile, and reminds me of the interview of a Native American by a young photographer at Tacoma’s museum of modern art: “I take off my shoes every time I get back home, to feel the cleansing energy of Earth, and anchor myself that much deeper”. In Patagonia, just like in Atacama, we are constantly reminded of how small and vulnerable we are, and invited to do less, see fewer things, but embrace them so much more, only to learn to better “desire what we have” as one my grandfather’s defined his own sense of joy.
François
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Commentaires
2carotonyVendredi 24 Octobre 2014 à 06:43Que de talents caches Francois, c est magnifique, bravo, et les photos aussi.
Bonne continuation a tous les 4. Biz de nous
3MarieSamedi 25 Octobre 2014 à 11:284Aude G.Samedi 25 Octobre 2014 à 19:09la derniere photo de cette page est SUBLIME! je veux y être tout de suite! De nombreux paysages ressemblent a l'Icelande, mélangée au Perou! C'est amusant. Bravo pour ces jolis poèmes, ils font rêver et voyager. bisoux
5MarielleVendredi 31 Octobre 2014 à 23:586NatVendredi 7 Novembre 2014 à 08:54C'est magnifique ! Je reprends le train en marche après quelques semaines et... ouf quelle claque ! Quelle densité de rencontres, de paysages à couper le souffle. Merci encore de nous faire voyager avec vous et surtout de partager toutes les émotions qui vous "traversent" chers voyageurs au long cours.
On sent que la notion du temps change, qu'une transformation s'opère, que votre regard évolue. C'est beau. Vos photos, vos poèmes en sont des témoins merveilleux. Comme le disait Lévi-Strauss, tout déplacement dans l'espace est aussi un déplacement dans le temps...
Je sens venir bientôt un beau livre de philosophie sur le voyage...
Des baisers à tous les 4.
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François, en rentrant, les vitrines des librairies te réservent déjà une place de choix pour ton recueil de poèmes! Bravo!! et les photos... un rêve!!
Plein de bisous
S