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We did it !
L’année des douze printemps
Merci aux douze printemps qui nous ont éclairés tout au long du voyage
Aux anges gardiens des airs entre quatre continents,
Ou des routes argentines balayées par le vent,
Aux amis retrouvés quand on se branche le soir jusqu’au mondial "nuage",
Aux autres découverts en des villes inconnues
Face au glacier qui crisse, entre ferries et plages,
A nos enfants aussi, terra incognita, si l’on compare un an de présence permanente
Avec son lot de joies, de rires et de tourmentes,
A une année de plus au temps partitionné
Qui nous privait alors de les voir tous les jours leur ailes déplier.
En somme, nous rendons grâce à une année cadeau :
S’offrir tous ensemble un balcon sur le monde
Pour l’un peu mieux comprendre, en capter les tendances, l’aborder en confiance,
Avoir pour lui autant qu’il en a eu pour nous
D’attentions généreuses et de grande bienveillance.
Nous revenons changés dans le rapport au temps :
Envie de se poser, d’être ici et maintenant,
Moins traverser nos vies en quête de fausses urgences,
Sans oreille tendue à la beauté discrète
Qui préfère qu’on la cherche pour mieux se révéler,
Sans la minute de plus qui réveille un regard
Sous une frange caché ou un chapeau qui penche.
Derrière les visages, des pâles aux plus halés,
Des peuples en souffrance comme des privilégiés
L’on est moins attentifs à ce qui nous ressemble,
Mais bien plus à l’écoute de ce qui nous rassemble:
De l’air que l’on respire jusqu’aux mots qu’on y met:
Le Tout, indissociable, de l’homme à la nature,
L’envie de s’accorder dans cette appartenance,
Faute des mêmes croyances ou de la même culture.
D’un saut d’avion à l’autre, on observe la place laissée à la famille:
Dans le monde pressé, elle semble être passée dans le rétroviseur
Quand elle était hier l’horizon fondateur;
Ailleurs on trouve encore les maisons hautes ou longues,
Dont l’unique raison est de mieux accueillir
Ici les frères et sœurs, là une mère ou un oncle,
Plusieurs générations pour un même partage,
Un peu plus de dialogue, sagesse en héritage,
Des endroits où l’on croit encore à l’harmonie, où l’on prie ses aïeuls
Où l’on est plus gourmand de ce qu’on a déjà,
Plutôt que d’aviser ce qui n’est pas à soi.
Ainsi une question nous chatouille les neurones:
Comment doit-on, chacun, grandir à l’avenir
Sur une terre surpeuplée aux réserves comptées,
A l’extérieur de nous, par le truchement encore d’objets accumulés ?
Ou plus à l’intérieur, en notre âme mieux ancrés, et bien mieux connectés
Au monde et à nous-mêmes, que le laissent supposer les réseaux décharnés.
Par-delà les questions que nous offre le recul,
L’année fut bien légère, pêle-mêle de rencontres
Et d’émotions gravées dans nos cœurs à jamais :
Les fragrances et les fleurs, celles reçues en collier en bas d’un escalier,
Les épices et les herbes qui parfument et relèvent la cuisine du terroir,
La pêche du matin (au lamparo le soir),
Le bell bird dont les "cloches" cristallines nous enchantent
En surplomb d’un canyon ou dans l’ombre d’un bois,
Le ballet des dauphins qui fusent vers la surface,
Puis se figent devant nous, et repartent avec grâce.
On se repasse en boucle l’aride Vallée de Mars
Où l’on pédale, à fond, sans avoir de chemin, pour enfin le trouver
Trois bouteilles d’eau plus tard, aux repères dans le sable, à la vue d’un clocher,
En chemin vers Léo, sa terrasse ombragée,
Ses volcans qui regardent le soleil se coucher.
On souhaiterait rendre hommage aux jeunes femmes anonymes dans l’eau de la rivière
Arrachant à son lit les algues qui déforment leurs dos pour une misère
On s’aimerait menuisier devant tant de cabanes ajustées avec goût
Dans un jardin d'Eden une baie blonde et turquoise aux kangourous moqueurs,
Un atoll, une rizière; aux limites du lac que survolent les condors,
Une plaine glaciaire inondée chaque hiver.
On entend aux travers de quelques fines cloisons le fou-rire des enfants,
Ou plus loin trop de coqs qui ne savent pas lire l’heure et testent nos tympans.
On est, évidemment, tellement reconnaissants de celles et de ceux
Qui nous ouvrirent leurs portes comme on aide l’étranger,
Nous offrant un festin, leurs temps pourtant compté, et parfois même leurs clés.
On fera nôtres certaines des maximes entendues, en deux langues notamment,
Expression australienne retrouvée au Vietnam : « no worries »,
Elle coûte peu mais rend fluide les rapports humains, plus directs, plus lisibles :
Trouver des solutions, faire sans arrière-pensée,
Tendre la main aussi, simplement avancer.
On écoutera encore comme un vinyle rayé, « lorana », « sabaidee », « kalimera » aussi,
Salutations enjouées sur fond d’air pur et chaud
Quand arrivera l’hiver au cœur du plat pays
On aimerait être peintres, ou simplement croquer ce poste de frontière à Tintin emprunté : no-mans-land giflé par un vent colérique
Qui fait grincer les planches d’une guérite usée.
A moins qu’on ne préfère cent clichés blancs et bleus aux Cyclades dévoués
Ou un trait de fusain pour griffer la surface
D’un météore tombé à trois heures de Delphes.
Et comment imprimer sur un papier de glace
La chaleur des rencontres, polynésiennes, chiliennes,
D’australiennes amitiés récemment immigrées,
Les tendres rendez-vous avec nos parents,
Qu’elles fussent dans les bras ou sous la caméra,
Anniversaires distants et si proches à la fois ?
Merci à toi, à vous aussi d’avoir parcouru nos photos,
Nos histoires, pris le temps de nous lire
D’avoir été présents dans un blog, un courriel,
D’avoir encouragé ce voyage perpétuel.
Nous en rentrons émus, aimants, nourris-gâtés,
Et vous souhaitons à tous une pareille aventure
Mais surtout, très bientôt, vous voir pousser la porte de notre maison future
Pour écrire avec vous nos prochains souvenirs.
Fabienne, François, Adélaïde et Gabriel
Twelve Springs a year
As any celebration, time for thank-you(s), to
-guardian angels who looked after us in planes, trains and windswept automobiles,
-Spring, that lit up the landscape twelve times: “Groundhog Day” in the best of ways,
-remote education, and its share or surprises: learning about Magellan in the morning and visiting his (sister-) ship in the afternoon, or that of James Cook; finding out about kangaroos one day then chasing Skippy on a dusty road another; realizing how religion shaped history and seeing how its various guiding principles continue to impact every economy,
-encouraging changes that made many countries possible to visit in 2014/5 that were closed to tourism one to four decades ago: Chile, Argentina, Vietnam, Laos, Cambodia, Bhutan (for other reasons), to name a few,
-the guides we met, many of whom spoke openly or candidly about the changes occurring in their country, good and bad, at times altered by well-crafted propaganda, but most often genuine and inspiring,
-friends and family we reconnected with in the evening through the "cloud" in an email, a fun comment or suggestion on the blog; others we discovered in previously unknown islands, glaciers, ferries or vibrant cities,
-the gift of time with our children, seeing more of them in a year than we would in ten, at an age where they spread their wings quickly, when they embrace and invade any air space.
We come back changed in our relationship to time precisely: wanting to be here and now, not traversing our lives in the pursuit of false emergencies, not passing by understated beauty and missing it. We probably return less attentive to what looks like us, but much more attentive to what unites us, from the air we breathe to the words we put in it: the Whole, man inseparable from nature, a sense of belonging to a larger place regardless of culture.
From an airplane to another, we see families evolving in the high-speed world: a fading notion in the rearview mirror when it once was yesterday’s foundation and horizon combined.
Luckily, here and there, remain high or long houses, to better accommodate siblings, a mother or an uncle, several generations, a bit more dialogue, harmony and wisdom as a priceless legacy. A question thus tickles our neurons: how should we each grow in the future on a planet that is finite: outside ourselves through more accumulated objects, or rather inside ourselves, with our soul better anchored, and better connected than would suggest disincarnated networks?
Beyond the above, we also wish to remember a year of light-hearted memories and emotions that will long remain engraved in our hearts and minds: fragrances like those of flowers received as a necklace down an airplane staircase, spices and herbs which highlight local cuisine, the melody of bell birds, a ballet of dolphins bursting to the surface then freezing before us, and leaving with grace into the deep blue, that same “Big Blue” (the movie) the coasts of which we admired, in Amorgos, together with its shipwreck.We will gladly return to the arid valley of Mars where we pedaled without a clear path to finally find marks in the sand guiding us to the monastery overlooking our road back home. We would like to pay tribute to anonymous women in river beds snatching algaes that distort their backs for a dollar a day. We would like to be carpenters searching for inspiration in so many wooden cabins we saw invading atolls, rice fields or earthquake-prompt harbors.
Through their thin walls, we keep hearing children laughing in the distance… and roosters which cannot seem to read time, testing our eardrums from 3am on. We remain mesmerized by turquoise lakes home to condors and eagles we stopped counting. We will not forget this border post borrowed from Tintin, the whites and blues of the Cyclades, the charcoal meteors that fell three hours north of Delphi.
We will join the millions of Australians, and Vietnamese, who adopted “no worries” as a guiding life principle, making things simpler, fluid, direct. We will play back "iorana," "sabaidee", "kalimera" in our heads as would a broken record: warm-hearting greetings that we will treasure for the Winters ahead.
Finally, we will remain ever so grateful to those who opened their doors to us, treated us like royalty at home in Santiago, Moorea or Sydney or on a terrace overlooking Shanghai; the ones who took us to some spectacular hike or hidden breakfast place, or even gave us their home keys, redefining hospitality as rarely experienced before. Nor will we forget friends who flew to us many hours from their base, or parents, of course, who joined us in the most remote places, adding tenderness to joy, across all generations.
We return moved, spoiled, thankful and look forward to seeing you push the door of the home we have yet to find.
Bravo à notre Adélaïde pour ses jolis dessins
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Commentaires
2elisafMardi 16 Juin 2015 à 00:55Coïncidence bis, ce soir je regarde un reportage sur 4 argentins qui refont l'ascension du FitzRoy 30 ans plus tard et je repense à la sensation de liberté que la Patagonie m'a fait ressentir. Et voilà dans votre belle conclusion le beau dessin du Glacier Grey et les Cuervas dans une photo au loin, Merci de nous avoir emmenés avec vous par votre regard autour du monde. On a bien pris l'air! Les alpinistes du reportage disaient qu'il faut revenir des voyages car ils ne valent que par les souvenirs que l'on partage...voilà qui est fait pour vous ...mais certainement pas terminé, je suis sûre qu'il vous suffira de fermer les yeux pour retourner là bas, avec les émotions et rencontres de chaque pays... comme si c'était hier!
Au plaisir d'une prochaine rencontre européenne,
Elisa*
3::gMardi 16 Juin 2015 à 07:05Merci a VOUS d'avoir partage avec tant d'emotions et de magnifiques mots votre etonnant parcours. Nous esperons que d'autres histoires nous seront narrees et cette fois-ci de vives voix.
A tres vite.
Bon retour.
::gwen
4AudeMardi 16 Juin 2015 à 07:07Amen!
Bises a vous tous. Bons souhaits pour vos nouvelles aventures, d'un petit appart parisien pour des aventures urbaines d'une autre échelle avant de retrouver notre nord-ouest adore. Merci d'avoir partage les photos et reflections de ce voyage magnifique! et je ne résiste pas... Carpe Diem!
Aude et Cie
5vero BMardi 16 Juin 2015 à 08:01Vos reportages étaient un rayon de soleil dans un quotidien bien différent.
bizou et bon atterrissage
6pierreMardi 16 Juin 2015 à 09:20Merciiiiiiiiiiiii
Merci pour ces mots, ces images, cette émotion renouvelée presque chaque jour et si différente d'un jour à l'autre…
Tout cela va nous manquer, mais peut-être aurons-nous la chance de se retrouver quelque part en Europe de l'Ouest…
On vous embrasse avec toute notre affection
Pierréchantal
7CatherineMardi 16 Juin 2015 à 10:24Chers Tous,
Tout au long de cette année, vous nous avez fait rêver, voyager et plus encore. J'ai été émue par votre parcours, votre poésie, l'harmonie et la paix qui se dégageaient de vos billets.
J'ai appris à vous connaître mieux, après tout, nous ne nous étions que brièvement rencontrés. C'est cela, la magie de la rencontre: un déclic, l'évidence.
De tout cœur merci (et à taaaaable demain!).
Bienvenue chez nous...
Je vous embrasse,
Catherine
8NatMardi 16 Juin 2015 à 11:06Merci à vous de nous avoir fait partager tous ces moments avec tant d'émotion et d'intelligence. Ces chroniques du bout du monde vont me manquer... Mais Je suis heureuse et j'ai hâte de vous retrouver et de poursuivre avec vous ce dialogue. Tendresse et baisers.
9CounMardi 16 Juin 2015 à 11:07Bravo ! Quel plaisir de vous lire et de vous savoir maintenant si proche.
Je vous embrasse
Ced
10marieMardi 16 Juin 2015 à 20:16Quel magnifique post! Bravo a vous pour cette belle aventure! Et merci de partager avec nous toutes ces emotions.
11NicoMercredi 17 Juin 2015 à 02:03que dire!? merci d'avoir pris le temps de partager avec patience, gout, delicatesse et sentiments. le poids des mots, le choc des photos! A tres vite, quelque part...!
12HilaryMercredi 17 Juin 2015 à 05:14Thank you for sharing the wisdom and beauty of your adventures. All year long you have helped the rest of us think about what is important, where we can find moments with our family even in the midst of the chaos we call our daily lives. And the gorgeous pictures and descriptions make a year of springtimes look very appealing! :)
All our love, the Bensons
Bonjour, merci du fond du cœur pour ces généreux messages en retour et la sensibilité de chacun/e. Cela fait partie intégrante du voyage. A très bientôt avec bonheur, et en personne.
To Hilary and Dave, many thanks for your comments, your "distant presence", and the sensitivity expressed above. See you soon we hope, on either end of the pond.
14Charlotte et StéphaMercredi 17 Juin 2015 à 23:25Bonjour les Amis d'une rencontre au vietnam.
Bravo pour ce beau voyage et ce magnifique blog, nous en avons des fourmis dans les jambes!
Si vous êtes encore en belgique, nous réitérons notre invitation à Dunkerque. La distance ne devrait pas vous faire trop peur!...
Charlotte et Stéphane
Avec joie! Nous nous installons en Belgique le 20 aout et nous passerons vous voir à coup sûr ! Les enfants nous reparlent encore de leur partie de cartes !
A très bientôt
fabienne et François
16sophieJeudi 18 Juin 2015 à 09:16Bravo pour ce texte merveilleusement écrit, empli d'émotions et qui interpelle sur bien des sujets.
Vous voilà sereins pour démarrer une nouvelle aventure dans le plat pays.
à très bientôt le plaisir de vous voir,
sophie
17bastieJeudi 18 Juin 2015 à 22:45la fin d'une serie magnifique, captivante et si courte. tres joli dernier article poeme. Nous le ferons lire aux enfants. A tres vite!Laurent et Sarah
18Shiraz, Thomas, TaraDimanche 21 Juin 2015 à 02:39Lovely blog, Fabienne...
What an amazing adventure!
We are in Brussels and look forward to seeing you before too long.
Lots of love, Shiraz
19JPLDimanche 21 Juin 2015 à 22:37Chers amis et compagnons de route sur les sentiers du Bhoutan,
Quel courage et quelle chance vous avez eu de réaliser ce rêve à 4! Vous formez désormais une pyramide énergétique indestructible .Vous en êtes les 4 piliers ( eau ,terre,feu et vent: à vous de voir qui représente chaque élément de la nature…) qui vous permettrons où que vous soyez dans le monde plus tard,quand les enfants seront grands,de vous unir dans cette belle énergie que nous avons partagée avec vous pendant 10jours , pour affronter les difficultés de chacun dans sa vie quotidienne , partager la joie ou oeuvrer dans la compassion pour aider ceux qui en auront besoin sur votre chemin.
Nous avons cette chance aussi ,avec nos enfants , de former une pyramide semblable et vous verrez le bonheur pur de vivre cette énergie quand les enfants ont plus de 30 ans. C'est magique,à une époque où les rapports familiaux sont soit inexistants soit par réseau social interposé!
On vous aime très fort et notre seul regret est de ne pas avoir partagé une journée avec vous quatre ,ma mère , Jo et mes enfants pour unir 6 demies générations dans cette belle énergie qui anime nos familles depuis 50 ans...
A très bientôt et welcome back .
Jean-Pierre
20isabelleLundi 22 Juin 2015 à 08:31Je pensais à vous ces derniers jours...et puis je viens de lire le message de Jp et la réponse de François. Contente de vous savoir déjà installés à Bruxelles, prêts à entamer une nouvelle année en Europe, riches de l'inestimable expérience de ce long périple réalisé en famille. Je vous embrasse très fort tous les 4 ! Isa
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Coïncidence, j ai ce soir pris mes billets pr bientôt pousser la porte de votre maison de Corse, sas essentiel où vous pourrez prendre le temps d observer ce monde ici, découvrir aussi sourires et bienveillance, chaleur et accueil que nous voulons nous aussi vous rendre, car nous aussi, à vous lire et à vivre nos vies, avons changé... vous nous avez été précieux.
Je vous embrasse tendrement
J